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Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie

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Aléa Brooks

Aléa Brooks


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« Mademoiselle Beauchamp,
Il y a quelques mois, vous avez rencontré mon ami Hayden Walsh à la Bibliothèque Mazarine de Paris. Ses recherches portaient sur la thèse d’un étudiant de votre pays et son étude de deux poèmes similaires en tout point.
Bien qu’il ait décidé d’abandonner ses recherches, il a éveillé ma curiosité et je souhaite à mon tour en apprendre plus. Il m’a donné votre carte en me disant qu’il s’agissait de la seul piste qu’il n’avait pas encore exploité. Je suis anthropologue et ce genres de mystère à toujours eu tendance à titiller mon imagination !
Je serais sur Paris dans 3 jours pour le travail. J’espère sincèrement que vous accepterez de mon rencontrer afin que nous puissions discuter plus en détails de cette thèse et de ces poèmes.
Vous pouvez me joindre sur ce mail. Je vous communiquerai un numéro de téléphone en arrivant en France.
Cordialement,
Aléa Brooks »


Aléa cliqua sur "envoyer" puis referma l’ordinateur portable en soupirant. Ce mail, elle avait bien dû le réécrire quinze fois avant de se décider à l’envoyer. Trop long, trop court, trop détaillé ou trop familier… Une seule chose était sûr, elle voulait rester prudente. Quand bien même elle aurait voulu diffuser le portrait d’Hayden à tous les coins de rue, son instinct lui criait d’être prudente. Le jeune homme avait disparu sans laisser de traces et le dossier dans lequel elle avait trouvé les coordonnées de Julie Beauchamp était si soigneusement dissimulé que ça ne pouvait pas être une coïncidence. Du moins s’était la seule piste qu’elle avait pour le moment.

La jeune femme se passa une main sur la nuque tout en balayant le bureau d’Hayden du regard. S’il voyait dans quel état elle l’avait mis… Rien que d’imaginer sa tête, un sourire se dessina sur ses lèvres. Comment un homme qu’on avait fui pouvait-il vous manquer autant ? Aléa attrapa le bloc note à côté de l’ordinateur et relue une dernière fois la compilation des informations qu’elle était parvenue à obtenir en recoupant les documents du jeune homme.

Hayden avait commencé à s’éloigner de l’entreprise familiale huit mois auparavant. Une date avait été entouré en rouge sur l’agenda qu’elle avait trouvé avec les documents dans un tiroir à double fond. En comparant les dates des derniers dossiers de la Walsh compagnie présent à son domicile, elle avait constaté que les opérations douteuses avaient cessé à partir de ce moment là. Tout tenait dans cette date, dans ce qu’elle signifiait, dans ce qu’elle cachait ! C’était aussi à partir de ce moment là qu’il avait commencé à faire des recherches sur des documents, des textes et plus récemment la photographie qu’Aléa avait faite sur la paroi de la grotte en Inde. Tous avaient un point commun ou plutôt une idée globale qui semblait l’obséder : une osmose si parfaite entre des les êtres, que les lois même de l’espace pouvait être contournés. L’idée même d’assimiler Hayden à ce processus semblait absurde pour la jeune femme, pourtant il avait poussé ses investigations jusqu’en France. Quel lien avait-il avec cette Julie Beauchemin ? Elle n’avait pas vraiment pu répondre à cette question. La carte de visite de cette journaliste était agrafé à une page de l’agenda où était inscrite « voyage en France » et « Bibliothèque Mazarine ». Une courte description et biographie de la jeune femme avait été imprimé sur une feuille à part mais ne lui en avait pas appris d’avantage. Cela remontait à trois mois.

Aléa avait hésité à se rendre directement sur place et à aviser ensuite, mais à la réflexion, elle s'était dit que cela ne ferait que rajouter de nouvelles questions à ses problèmes. Hayden avait étudié les textes en intégralité et pour autant n'était parvenu à aucune conclusion satisfaisante alors qu'il semblait maîtriser une partie du sujet. Pour l'heure, la jeune femme ne trouvait aucune logique dans toute cette histoire et se sentait perdue.

A présent, tous ses espoirs reposait sur cette journaliste.
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Julie Beauchamp


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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


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Lorsque Julie cliqua sur la notification qui venait de s’afficher sur son écran, elle fut déçue. Elle l’était de toute façon à chaque fois qu’elle recevait un message ces cinq derniers jours. Les cinq jours qui lui semblaient être les plus longs de son existence. Ca faisait cinq jours que Francis était parti dans Paris pour écumer les lieux touristiques à la recherche de sa fille de cercle qu’il savait être à Paris. Si elle y était toujours ce dont il n’était même pas sûr. Bref. Francis était parti, et il n’était pas revenu. C’était inhabituel. Il n’était pas du genre à partir sans prévenir. Après plusieurs textos sans réponse elle avait contacté Annika pour lui demander si elle savait ce qu’il faisait. Et à partir de ce moment tout avait basculé. Annika n’arrivait pas à entrer en contact avec lui. Elle ne savait pas où il était. Elle ne savait pas si il allait bien. Elle ne savait pas si il était en vie. Elle pensait qu’il l’était, mais elle n’en était pas certaine.

Julie et Annika se soutenaient, bien sûr, mais elles se sentaient seules et démunies. La police avait accepté de lancer une alerte disparition, et le visage de Francis était diffusé régulièrement, mais elle refusait de dépenser plus de ressources sur ce cas. Le mode de vie de Francis et Julie jouait en leur défaveur. Ils pensaient qu’il avait juste fui la jeune femme pour refaire sa vie avec une autre. Après tout ils avaient chacun plusieurs partenaires, ça montrait qu’ils ne s’aimaient pas autant qu’elle le disait. Julie enrageait littéralement. Elle avait maîtrisé les larmes de colère qui montaient jusqu’à ce qu’elle referme la porte du commissariat, mais elle n’avait pas pu les retenir plus longtemps. Et bien sûr impossible de leur parler de la raison pour laquelle elle savait de façon sure qu’il lui était bel et bien arrivé quelque chose.

Bref. Annika était en Allemagne et continuait d’essayer de contacter Francis, en vain jusqu’ici. Elle s’épuisait et faisait son maximum, Julie le savait. Elle-même n’était qu’une humaine et elle n’avait aucun moyen de le chercher à travers le psycellium comme Annika le faisait. Elle devait réprimer cette idée qu’Annika n’essayait pas assez fort. C’était faux, elle le savait. Mais ne pas savoir la rendait folle. Ne rien pouvoir faire la rendait folle. Elle n’était pas allée au travail depuis ce jour-là. Incapable de penser à autre chose, de vivre sa vie comme si de rien n’était. Alors elle avait fouillé ses affaires, sans rien trouver. Elle était allée au Louvre, là où il lui avait dit qu’il allait le jour où il n’était pas revenu. Elle avait interrogé les gardiens de musée, les agents de métro sur le chemin. Rien n’avait donné le moindre résultat. Elle n’avait aucune piste. Et à chaque vibration de son portable, elle espérait que ce serait lui. Ou Annika lui annonçant qu’il venait de refaire surface, qu’il allait bien.

Et cette fois-ci encore, ce n’était ni l’un ni l’autre.

Mais une fois la lecture du mail achevée, Julie reprit un peu espoir. Ce mail était surprenant. Elle se souvenait très bien de l’homme dont parlait cette femme qu’elle ne connaissait pas. Elle l’avait rencontré à la Bibliothèque Mazarine. Un lieu qu’elle fréquentait souvent et qui contenait entre autres une thèse qu’un étudiant parisien avait menée il y avait de ça quelques années à propos de deux poèmes qui avaient été écrits dans des langues et des pays différents simultanément. A une époque où l’information ne circulait pas encore comme elle le faisait maintenant. L’explication était simple, quand on connaissait la vérité, ce qui n’était pas le cas de cet étudiant. Les deux poètes étaient probablement des sensates et appartenaient à un même cercle. Mais la thèse n’en restait pas moins intéressante. Et Julie avait été intriguée par cet américain qui semblait s’y intéresser. Elle avait proposé de l’aider à en traduire quelques passages, afin de tenter de savoir si il connaissait ou non l’existence des sensates. Si Francis ou Annika avaient été avec elle, elle aurait pu le savoir très facilement. Mais aucun des deux n’était là ce jour-là. Elle n’avait pas osé poser directement la question bien sûr, et l’homme n’avait laissé aucun indice suffisant à en avoir le cœur net. Elle lui avait laissé ses coordonnées au cas où il ait de nouveau besoin de son aide pour traduire un ouvrage français.

C’était assez étrange qu’elle réentende parler de lui à ce moment précis, alors que Francis avait disparu. Et par quelqu’un d’autre en plus. Elle se demandait qui était vraiment cette Aléa Brooks, et si l’objet de sa venue était bien d’étudier ces poèmes. Ou peut-être que c’était juste la folie qui commençait à prendre le dessus et à lui souffler des coïncidences là où il n’y en avait aucune ? Quoi qu’il en soit, Julie avait décidé de répondre positivement à cette invitation. Il fallait qu’elle explore cette piste. Ca ne lui coûterait rien. Et ce serait toujours mieux que son impuissance actuelle.

« Bonjour Mademoiselle Brooks.
Je suis loin d’être une spécialiste, mais je ne vois pas d’inconvénient à vous aider avec cette thèse, surtout si vous ne parlez pas parfaitement le français car elle n’est pas disponible en anglais. J’avais surtout aidé Hayden avec la traduction de certains passages pour tout vous dire. Je vous propose de nous retrouver à la bibliothèque directement. Voilà mon numéro de téléphone : 0644679021. Vous pouvez m’envoyer un texto lorsque vous serez en France.
Cordialement,
Julie Beauchamp »





Dernière édition par Julie Beauchamp le Mer 18 Sep - 14:42, édité 4 fois
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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


Trois jours plus tard, la jeune femme se tenait devant la bibliothèque Mazarine. Elle avait donnée rendez-vous à la journaliste dans l’après-midi en pensant qu’il s’agissait d’un endroit à la fois neutre et confiné qui leur permettrait de parler sans crainte d’être épiées. Aléa jeta un coup d’œil à son téléphone. 13h15, elle était en avance. Un peu trop droite, elle serrait contre elle son porte document comme s’il contenait toute sa vie… ou plutôt celle d’Hayden. Un instant, elle se demanda pourquoi elle était venue jusqu’ici et s’il ne valait pas mieux rebrousser chemin. Après tout, cette Julie Beauchamps allait très certainement la prendre pour une de ces américaines complotistes complétement folle. Mais avait-elle vraiment le choix ? Sans piste valable, elle avait voulu suivre son instinct et plus les jours défilaient, plus l’angoisse l’a gagnait. Isis continuait d’utiliser les ressources de Walsh Compagnie pour contacter quotidiennement les hôpitaux de tous le pays mais sans succès. Aléa avait peur à présent. Peur qu’il soit trop tard, peur de l’avoir perdu sans pouvoir s’excuser, de ne plus jamais sentir ses mains sur son visage ou de l’entendre se moquer d’elle avec ce sourire ironique qu’elle aimait tant. Ravalant une larme, elle se ressaisit en se rappelant que jusqu’à preuve du contraire, il n’était pas mort et que se laisser aller aux lamentations ne la conduirait nulle part.

Aléa prit une grande inspiration tout en réajustant le sweet-shirt trop grand qu’elle avait emprunté dans les affaires d’Hayden. Ses cheveux, remontés en chignon lâche, tombaient en mèches de chaque coté de son visage. Ses yeux cernés et son teint pâle laissaient deviner, sans peine, la succession de nuits blanches qu’elle venaient de passer. Folle et junkie…Si la journaliste ne tournait pas les talons avant même de lui avoir adressé la parole, Aléa s’estimerait chanceuse.

Se décidant enfin à parcourir les derniers mètres qui la séparait de l’entrée, la jeune femme s’intima l’ordre d’être forte et courageuse. Et puis dans le pire des cas, elle se confondrait en excuses à l’aide de son plus beau sourire. Ca marchait toujours ! Après avoir salué la personne de l’accueil, le jeune femme resta un instant interdite. Les murs étaient recouvert du sol au plafond de livres. De grandes tables en bois massif occupaient les allés pour accueillir les lecteurs et le silence qui régnait ne semblait troublé que par le frottement des pages qui se tournent. Un sentiment de paix l’envahit aussitôt et un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Même si elle adorait parcourir le monde, ses années d’études avaient été pour elle un vrai bonheur. Universitaire dans l’âme, les vieux livres, les heures de recherches pour sa propre thèse, elle y avait pris un grand plaisir même si tout ça semblait si loin maintenant !

Parcourant les allées, elle se mit à rechercher la section histoire. La bibliothèque Mazarine possédait une collection extrêmement dense sur l’histoire religieuse, littéraire et culturelle du Moyen Âge. C’était en parvenant à remonter à l’origine des poèmes qu’ Hayden avait trouvé leur lieu de résidence, ici à Paris. Mais la collection était très difficile d’accès pour cause de conservation et le jeune homme n’était pas arrivé à les consulter dans leur intégralité. Cependant, un étudiant en histoire y était parvenu il y a plusieurs années et avait rédigé une thèse sur le sujet. Les doigts d’Aléa parcourait la tranche des livres avec beaucoup de respect quand elle les arrêta soudain sur ce qui l’intéressait. Saisissant la thèse de l’étudiant, elle entreprit ensuite de se trouver une table suffisamment à l’écart pour ne pas être dérangé tout en restant visible pour que Julie Beauchamps puisse la trouver facilement. Il était 13H45. Elle avaient environs une heure devant elle pour étudier son sujet…

"Section histoire, deuxième allée, dernière table.
Prenez votre temps!
Aléa Brooks"

Aléa rangea son téléphone et sortit les documents d'Hayden et de quoi prendre des notes. Peut-être pourrait-elle mettre le doigt sur ce qui lui avait échappé.
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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


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Trois jours s’étaient écoulés depuis le mail de l’américaine. Rien n’avait vraiment changé. Un coup de fil d’Annika avait redonné espoir à Julie. Elle n’avait toujours pas réussi à entrer en contact avec leur amant commun, mais elle était désormais certaine qu’il était vivant. Elle avait perçu une trace de lui. Légère, faible et qui s’était évanouie avant qu’elle ne parvienne à le Visiter pour comprendre ce qu’il lui était arrivé. Un simple Ressenti digne des tout débuts de leur lien. Mais c’était lui, elle le savait. Elle le reconnaîtrait entre 1000. C’était un soulagement de savoir qu’il n’était pas mort, mais cela donnait du grain à moudre à leur inquiétude. Ce qui se passait était anormal.

Avant de franchir la porte de l’appartement, Julie s’arrêta devant le petit miroir accroché au mur. Elle faisait peine à voir. Des cernes foncés ornaient ses yeux lui donnant un air de raton laveur ou de femme battue. Elle avait enfilé les premières fringues qui lui étaient tombées sous la main. Un vieux T-shirt d’un groupe de rock français encore plus vieux, et un pantalon en jean. Ses cheveux avaient besoin d’un bon shampooing mais elle s’était contentée d’une douche rapide. Après ces quelques secondes de pause, Julie haussa les épaules et ouvrit la porte pour s’enfoncer dans le tumulte des rues de Paris et affronter cette foule d’inconnus qui vivaient leur vie paisiblement sans savoir qu’elle avait l’impression de se noyer dans la sienne.

Un message sur son portable lui indiqua où retrouver Aléa. Il fallait qu’elle reprenne un peu de vie, qu’elle se sorte de ce brouillard qui l’entourait avant de la rejoindre, sinon ce rendez-vous ne servirait à rien, ni à elle, ni à cette inconnue. Tandis qu’elle franchissait les portes de la bibliothèque, elle essaya de se souvenir pourquoi il lui avait semblé important de suivre cette piste, et de se convaincre que ça pouvait mener à quelque chose. L’idée que ça puisse être un piège lui traversa également l’esprit, ce qui eu pour effet de la sortir un peu de sa torpeur et de la rendre un peu plus alerte. Elle arriva dans la section Histoire une quinzaine de minutes après avoir reçu le message et n’eut aucun mal à trouver la personne qu’elle cherchait. Elle prit une inspiration pour se canaliser, et s’approcha de la table.

“You must be Alea Brooks ?
I’m Julie Beauchamp. Nice to meet you. I hope you didn’t wait for too long.”


Elle lui tendit la main, tenta de lui adresser un sourire qu’elle espérait ne pas sembler faux, et prit une chaise pour s’installer à côté d’elle. Si elles devaient parcourir le travail de cet étudiant ensemble, ce serait plus simple qu’en s’installant face-à-face. Et elle se sentirait moins observée.


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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


Aléa se pinça l’arrête du nez en fronçant les sourcils. Ce document était illisible. Elle avait beau avoir étudié avec acharnement plusieurs dialectes obscures et quasiment oubliés, le français était bien une langue qu’elle ne métrisait pas. Malgré les notes d’Hayden et les passages traduit par la journaliste, elle avait l’impression de passer complétement à côté du texte. Où bien avait-elle simplement la tête ailleurs…

Quand une jeune femme s’approcha d’elle pour se présenter, elle mit un instant à comprendre que c’était à elle qu’on s’adressait. Relevant la tête, le regard un peu hagard, elle passe en revue la journaliste en quelques secondes. Elle aimait se fier à sa première impression. Julie Beauchamps devait être une belle femme en tant normal, mais pas vraiment aujourd’hui. Comme Aléa, elle avait les traits tirés et semblait s’être habillé à la hâte. La journaliste semblant être plutôt à l’aise dans sa langue, elle ne lui fit pas la torture de lui répondre dans son français approximatif.  

- Enchanté de faire votre connaissance Mademoiselle Beauchamps.

Aléa lui offrit son plus beau sourire, celui qui marchait à tout les coups pour mettre les gens à l’aise, tout en la regardant s’assoir à ses côtés. La jeune femme aimait que l’on se sente bien en sa compagnie, en confiance. Non pas pour manipuler les gens, mais simplement par ce que son empathie naturelle la conduisait toujours irrémédiablement vers les autres. C’est une qualité, surtout dans le cadre de son travail et de ses recherches. Mais c’était aussi cette qualité qui l’avait conduit à Paris aujourd’hui et qui lui valait cette chasse à l’homme et aux informations bien étrange. Elle ne savait pas encore si elle allait jouer carte sur table ou bien distribuer ses informations au compte goûte. Mais si elle voulait attirer l’attention de Julie, elle devait au moins se présenter.

- Je suis anthropologue. En temps normal je travail pour différents musée et centres de recherches sur l’histoire et les civilisations oubliés qui subsistent encore aujourd’hui.

Aléa soupira légèrement tout en refermant la thèse du jeune français. Joignant ses mains sur la couverture, elle releva le menton et chercha la journaliste du regard tout en lui souriant de manière un peu triste.

-  A dire vrai, je ne me serais très certainement jamais intéressé à cette thèse ni à ses poèmes si je ne les avais pas retrouvé dans le bureau d’Hayden. Ils sont assez éloignés de mes sujets d’études habituels. D’ailleurs, le connaissant, ça m’étonnes aussi de lui qu’il puisse s’y être intéressé.  

Un instant, l’idée que ces textes ne lui ait servit que pour attirer l’attention de Julie et qu’il ait pu partager plus que quelques connaissances avec elle lui fit l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Après tout elle était plutôt belle. Aléa se sentit soudain vraiment ridicule d’être venue jusqu’ici et d’avoir fait venir cette femme. Pour autant, aurait-il vraiment conservé tout ses documents chez lui si cela avait était le cas ? Mentalement elle se traita d’idiote et décida qu’il valait mieux aller droit au but. Au moins elle serait fixée !

Aléa se pencha vers Julie Beauchamps et s’humecta les lèvres pour se donner le courage de déballer l’histoire la plus absurde qu’elle ait pu vivre jusqu’à présent.

- Je ne vais pas vous faire perdre votre temps inutilement. Je suis ici parce que cela fait un mois que mon ami a disparu. Il n’a laissé aucune trace, aucun message ni moyen de le contacter. Ce n’est absolument pas dans ses habitudes. La seule piste que j’ai pu trouver tiens à ces document. Aléa désigna le bureau d’un geste vague. Dans le lot il y avait les poèmes, des notes ainsi que des références à votre collaboration. Hayden n’a jamais baigné dans le mysticisme. C’est un homme des plus terre à terre. Je sais que tout cela peux paraître absurde ! Tout est là mais quelque chose m’échappe et je suis certaine que ça pourrait me permettre de comprendre ce qu’il s’est passé !

Aléa écarquilla les yeux lorsqu’elle se rendit compte qu’elle s’était levé de son fauteuil et qu’elle avait parlé sans même reprendre son souffle. Se rasseyant en baissant les yeux elle finit par laisser échapper dans un soupir.

- Il faut que je le retrouve vous comprenez ? Et pour l’instant vous êtes peut-être la seule qui puisse m’y aider !
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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


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L’odeur familière de la bibliothèque était à la fois rassurante et angoissante. La normalité provoquait ce genre de choses facilement lorsqu’on était perdu dans les affres du doute, comme l’était Julie à cet instant. Elle avait réussi à maîtriser sa voix en s’adressant à la jeune américaine qui lui avait donné ce rendez-vous, à masquer son inquiétude. Le fait de parler dans une autre langue que la sienne rendait sans doute la chose plus facile. L’accent avait tendance à masquer les émotions. Elle ne savait cependant pas si elle réussirait à garder son calme très longtemps. Cela dépendrait de la tournure que la conversation avec cette Aléa Brooks allait prendre.

Cette dernière prend la parole une fois les politesses de rigueur échangées, présentant son métier. Elle semble laisser entendre que sa visite n’est pas vraiment en lien avec ses activités professionnelles. Julie note ce détail dans un coin de sa tête, et lui répond en se présentant à son tour brièvement, dans la langue de Shakespeare.

« Anthropologue… C’est ceux qui étudient les hommes de l’âge de pierre, c’est ça ? Désolée si je suis à côté de la plaque, je suis journaliste pour ma part. Plutôt portée vers l’actualité culturelle. »

Cette description est tellement éloignée de son quotidien ces jours-ci que c’en est assez risible. Julie se demande avec amertume si son patron continuera de lui confier des évènements à couvrir, si son absence se prolonge. Puis se demande si ça vaut le coup de continuer sa vie d’avant si elle ne retrouve pas Francis. Après quelques secondes de silence, Julie reprend la parole, essayant de faire bonne figure et de feindre sa sociabilité habituelle. Elle désigne de la main la thèse ouverte sur la table.

« Qu’est-ce que vous souhaitiez savoir concernant cette fameuse thèse ? Je vous préviens c’est long et assez difficile à lire. Je n’ose même pas imaginer ce que ce doit être d’écrire ce genre d’ouvrages. »

Julie s’attendait à ce qu’Aléa soit pressée de se mettre au travail. Après tout elle avait traversé l’océan pour en savoir plus sur cette thèse. Mais au contraire, la jeune femme referme les pages, et cherche le regard de Julie. En le croisant, Julie est troublée. Elle s’était jusqu’à ce moment un peu protégée derrière des regards un peu fuyants, mais en croisant le regard d’Aléa, les barrières s’abaissent. Elle a l’impression de voir sa propre détresse dans ces yeux bleus. Les mots confirment l’intuition de Julie, et ramènent ses doutes de l’époque quant aux intentions d’Hayden. Son intérêt pour cet ouvrage n’est pas logique, selon Aléa. Ne sachant pas quoi répondre, Julie garde le silence. Elle retient un peu son souffle. Et si cette histoire était liée à la disparition de Francis ? Si elle avait provoqué la disparition de Francis en parlant avec cet américain ? Avait-elle commis une imprudence ? Hayden avait-il kidnappé Francis ? C’était complètement impossible. Ils ne s’étaient même pas rencontrés. Et pourtant, le doute était là. Julie sentait la panique l’envahir. Et si elle avait causé des soucis à Francis en jouant avec le feu ? Et si c’était un piège ?

Le stress montant en elle la tétanise, et elle ne répond pas, laissant un silence pesant s’installer. Puis Aléa reprend la parole, et les mots qu’elle prononce ont raison de Julie et de son contrôle sur elle-même. Hayden a disparu lui aussi. Alors qu’Aléa poursuit, le regard de Julie se perd dans le vide. Elle ne se rend même pas compte que la jeune femme à côté d’elle s’est levée. Les mots entrent dans sa tête, reflet de sa propre détresse. Et lorsqu’Aléa finit par se rassoir et lui demande son aide, c’en est trop. Les larmes coulent sans qu’elle ne puisse rien y faire. Des larmes d’impuissance. Celles qui s’invitent plusieurs fois par jour depuis qu’Annika a avoué ne pas pouvoir le contacter. Elle n’arrive pas à trouver Francis. Comment pourrait-elle aider Aléa à retrouver cet homme qu’elle connaît à peine. Elle voudrait parler, lui répondre, mais en est incapable. Elle laisse les larmes couler, sa respiration prenant une tournure hachée et incontrôlable. L’idée qu’elle doit être complètement ridicule lui traverse l’esprit mais elle ne s’en soucie pas assez pour parvenir à stopper le flot de ses larmes.

Après de longues minutes à sangloter le plus silencieusement possible elle finit par réussir à reprendre un peu de contrôle. Un mouchoir à la main, elle essaie d’expliquer à Aléa sa réaction. Elle espère qu’elle la comprendra. Entre les sanglots et l’accent français, ça risque de ne pas être évident à suivre.

« Je… Je suis désolée… Je… J’ai aussi perdu quelqu’un… Il y a 5… 5 jours qu’il a disparu... Je n’ai aucune piste… Je ne sais pas où il est… J’aimerai vous aider… Vraiment… Mais je ne vois pas ce que je peux faire… »

Progressivement, les mots se font moins hachés, et Julie reprend un peu le contrôle. Les yeux et le nez rouges, elle essaie de reprendre une contenance. Elle essaie de calmer son angoisse, et de réfléchir. Elles ont toutes les deux perdus quelqu’un récemment. Francis est un sensate. Et cette thèse, selon toute vraisemblance, mentionne entre les lignes des sensates. Hayden s’est intéressé à ce document avant de disparaître. Peut-être est-il lui aussi un sensate ? Mais comment en parler à Aléa sans trahir leur existence si elle n’est pas au courant ? L’hypothèse que ce soit un piège et qu’Aléa mente est aussi là, dans un coin de la tête de Julie.

« Qui était-il pour vous ? C’était vraiment juste un ami ? Est-ce que je pourrai voir ces notes dont vous parlez ? Peut-être que quelque chose me sautera aux yeux ? »

Pensant à l’effet que les ascenseurs émotionnels peuvent avoir sur elle-même, Julie ajoute, doucement, pour ne pas que la jeune américaine ne se fasse trop d’idées si ce n’est pas un piège et qu’elle a réellement perdu la trace de son ami.

« Je ne garantis rien. J’espère juste. »


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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


Lorsque la journaliste essaya d’identifier plus précisément son métier, Aléa ne pu s’empêcher de sourire.

- Non pas vraiment. L’anthropologie est l’étude de l’homme au sens large du terme. Nous étudions des populations aussi bien du point de vue anatomie que leur implantation dans l’espace, leurs modes de vie, leurs traditions, leurs religions… Pour ma part je me suis spécialisée dans l’étude des populations premières. Ce sont des peuples autochtones peu connus dont les traditions et le mode de vie n’a pas changé depuis la nuit des temps.

Ses yeux s’étaient mis à briller en parlant de son travail. Depuis qu’elle était enfant, Aléa dévorait les livres de voyages et d’expéditions. Partir à l’autre bout du monde et rencontrer ses populations était devenu aussi indispensable à sa vie que respirer. Un instant, elle repensa à tout ce qu’elle avait laissé de côté pour revenir à New York, Ajay, le village… Bien sûr qu’elle ne regrettait pas sa décision. Hayden occupait la première place de ses priorités depuis plus de vingt ans maintenant ! Mais partir sans prendre le temps de dire au revoir avait été une véritable déchirure pour elle.

Lorsqu’elle repris la parole et exposa à la journaliste les raisons de se venue à Paris, Aléa ne se doutait certainement pas de ce qui allait se passer par la suite. En vérité, elle ne savait pas trop ce qui aurait pu découler de cette conversation, mais la réaction de Julie Beauchamps la laissa un instant sans voix. La jeune femme s’était littéralement écroulée. Des larmes coulaient en abondance sur son visage, comme si cela faisait bien trop longtemps qu’elle les retenait, un mélange entre une détresse infinie et une panique sans commune mesure. Aussitôt, Aléa chassa ses propres soucis, saisit un mouchoir dans son sac et le tendis à Julie alors qu’elle posait une main réconfortante sur son bras. Qu’avait-elle bien pu dire pour la mettre dans un tel état ? Lui laissant le temps de reprendre un peu de contenance, l’anthropologue fronça les sourcils soudain inquiète. Et si elle savait quelque chose à propos d’Hayden ? Et si il était mort ? Avant de se laisser à son tour envahir par la panique, la jeune femme se résonna. Si cela concernait véritablement Hayden, la journaliste ne l’aurait pas abordée aussi sereinement avant de s’effondrer sans prévenir. C’était autre chose, certainement lié, mais autre chose quand même…

Lorsque Julie reprit la parole, Aléa ouvrit les yeux comme des soucoupes. Hayden n’était pas le seul… La certitude d’avoir enfin mis le doigt sur quelque chose éveilla en elle une sorte d’excitation et d’angoisse mêlées. Même si cela pouvait paraître bien mince, même si n’importe qui aurait pris cette information avec des pincettes, la jeune femme elle ne parvenait plus s’obliger à la prudence. C’était plus fort qu’elle, comme un instinct primaire, presque animal qui la ramènerait jusqu’à lui, toujours ! Alors que la journaliste reprenait contenance et se mit à lui poser des questions, Aléa replongea son regard un instant dans le sien, comme pour la jauger. Au vue des larmes qui auraient encore bien perlé au coins des yeux de Julie Beauchamps, la personne qui avait disparu devait être importante. Elle non plus n’avait pas de piste et semblait être bien seule dans ses recherches. Les questions que la journaliste était valables, mais Aléa y sentait aussi beaucoup de prudence. Savait-elle quelque chose qu’elle ne voulait pas dire ? Ou bien pensait-elle que toute cette histoire n’était qu’un piège ? Le sentiment de n’être pas seule dans cette galère, donna à Aléa la force nécessaire pour prendre le dessus sur ses émotions et se vouloir rassurante pour la jeune femme désemparée qui lui faisait face. Resserrant de manière réconfortante sa main sur le bras de la journaliste, elle chercha de l’autre une chaine dissimulée sous son sweet. Du bout des doigts, elle caressa la bague de fiançailles qui y était suspendue et un sourire tendre et remplis d’amour apparu sur ses lèvres.

- Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t’en vas ?


Aléa ne parlait pas français, mais ce poème de Victor Hugo qu’elle avait trouvé par hasard, lors d’un séjour à Paris avec Hayden, l’avait tant marqué qu’elle l’avait appris par cœur. C’était très certainement un peu ringard, mais en vérité c’était aussi le résumé le plus court et le plus explicite qu’elle était en mesure de donner.

- J’avais 7 ans quand je l’ai rencontré pour la première fois. Nous avons toujours était ensemble, même si nous avons mis du temps à nous en rendre compte. Il y a trois ans, je suis partie faire mes recherches à l’étranger. Je…

Le visage d’Aléa se troubla mais elle chassa vite ses sombres pensées. Julie n’avait pas besoins des détails, juste des faits. Suffisamment pour qu’elle estime pouvoir lui faire confiance.

- Nous n’étions pas vraiment séparés. Mais nous ne nous donnions plus de nouvelles… C’est sa sœur qui m’a prévenu de sa disparition subite. Je suis aussitôt rentrée à New York et j’ai découvert ça. Tout était soigneusement rangé et dissimulé.

Aléa désigna la table d’un geste vague avant de revenir à Julie.

- Sa disparition n’a rien à voir avec son travail, aucun hôpitaux ne l’a vue passer et… même s’il avait voulu partir avec une autre fille, il n’aurait jamais disparu ensuite. Hayden a toujours était en mesure de tout assumer, le pire comme le meilleur…

La jeune femme hésita un instant avant de poursuivre d’une voix douce.

- Et… même si l’on ne se connait pas. C’est pareil pour vous n’est ce pas ? Cette personne qui a disparu, ce n'est pas normal ?  

Aléa inspira profondément avant de plonger son regard dans celui de la journaliste. Lachant son bras et remettant la bague sous son pull, elle repoussa doucement les documents en direction de Julie Beauchamps. A présent c’était quitte ou double.

- Qu’est ce que je ne sais pas ?
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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


Thèse, antithèse, synthèse ...



La pression qui pesait sur les épaules de Julie depuis que son compagnon avait disparu céda sous les larmes. Elle avait déjà beaucoup pleuré. Pour dire vrai elle avait même l’impression de n’avoir fait que ça dernièrement. Mais elle avait cette fierté qui faisait qu’elle essayait de garder la face en public. Elle expliqua les raisons de son effondrement à Aléa, qui la regardait pleurer sans comprendre. En tous cas elle expliqua une partie de la vérité. Celle qui ne risquait pas de mettre qui que ce soit en danger. C’était sans doute ridicule de se méfier de cette jeune américaine, et ce n’était pas dans le caractère de Julie d’être méfiante, mais elle avait peur d’avoir manqué de jugeotte et d’avoir causé des ennuis à Francis. Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Pas avant d’être certaine de ce qu’elle faisait.

Le contact de la main d’Aléa sur son bras l’aida à se calmer, et elle reprit peu à peu une consistance, parvenant à lui poser quelques questions. Elle ne se sentait pas encore suffisamment en confiance pour tout révéler à la blonde qui lui faisait face, mais elle n’allait pas pour autant la laisser partir sans avoir essayé de l’aider, et sans avoir essayé d’en savoir plus sur l’américain qui avait lui aussi disparu. Si les disparitions étaient liées, aider Aléa à retrouver Hayden la mènerait peut-être droit vers Francis.

Julie avait apparemment vu juste, Hayden n’était pas un simple ami pour Aléa. Il était bien plus que ça. Tout comme Francis n’était pas un simple ami pour Julie. Les deux jeunes femmes avaient donc perdu un être cher, irremplaçable. Et elles avaient comme point commun de tout tenter pour le retrouver. Amèrement, Julie se dit que ça leur faisait une belle jambe, qu’elles remuent ciel et terre pour eux. Si elles ne les retrouvaient pas rapidement, qui sait ce qui risquait de leur arriver. Les pires scénarios avaient déjà commencé à élire domicile dans l’imagination de la journaliste ces cinq derniers jours. Elle espérait vraiment être loin de la réalité.

Son regard s’attarda sur la pile de documents qu’Aléa avait trouvés dans les affaires de son disparu. Etait-il possible que Julie y trouve quelque chose qui leur serait utile ? Est-ce qu’elle arriverait à cacher le secret de Francis et Annika tout en suivant cette piste ? Elle commençait à avoir envie de croire Aléa. Leurs histoires semblaient si similaires.

« Oui, c’est pareil pour moi… » répondit Julie, songeuse. La boule dans sa gorge se resserra légèrement lorsque les mots traversèrent ses lèvres. Sa crise de larmes n’était pas très loin. Mais elle déglutit pour la faire passer et reprit. Il ne fallait pas se laisser submerger par ses émotions. Il fallait qu’elle se batte. « Il n’est pas du genre à fuguer, et il n’avait aucune raison de disparaître. Son travail est très important pour lui, il n’aurait jamais laissé la boulangerie du jour au lendemain. Sans compter notre relation. Il ne m’a jamais laissée sans nouvelles si longtemps… »

Elle hésita un instant. Devait-elle parler d’Annika ? Devait-elle expliquer à cette inconnue que Francis avait deux amoureuses, et que l’une d’entre elle partageait un lien qui lui permettait de communiquer à distance ? Que ce lien avait été subitement coupé depuis qu’il avait disparu ? Elle ne savait pas. Elle pesait les risques. Et puis Aléa posé une question qui fit brusquement pencher la balance vers la méfiance. Elle essayait de lui tirer les vers du nez. Elle éluda la question en se penchant sur le tas de documents.

« Je vais jeter un œil. Ca risque de me prendre un peu de temps. Si vous voulez aller chercher un café il y a une machine à café à côté des toilettes. »

Julie saisit le premier document, des extraits de la thèse posée sur la table, traduits par Julie. Il y avait un agenda, qu’elle feuilleta rapidement. Certaines dates étaient entourées. Aucune ne sauta aux yeux de la journaliste. Rien qui ne semblait relier Hayden à Francis en tous les cas. Elle s’arrêta sur la date de leur rencontre, dans cette même bibliothèque. Sa carte de visite était soigneusement agrafée, et elle lut la petite description qu’il avait faite d’elle. Rien ne semblait révéler qu’il était au courant de l’existence des sensates. Julie soupira, se demandant si ce qu’elle faisait était vraiment utile. Elle referma l’agenda, et tomba sur une photo d’une œuvre d’art qui semblait remonter loin dans le temps. Elle représentait des humains, réunis en un cercle. Les couleurs utilisées pour chaque personnage étaient différentes. Etait-il possible que cette peinture rupestre représente des sensates ? En tous cas c’était possible. Et ça faisait sens avec les œuvres liées entre elles qui étaient mentionnées dans la thèse. Pour peu que l’on sache ce qu’étaient les sensates. Julie releva la tête et demanda à Aléa.

« Cette photo, vous savez ce que c’est ? Où elle a été prise ? C’est étrange toutes ces couleurs non ? Et qu’est-ce que ça vient faire ici ? La thèse parle d’une tout autre époque. On dirait que ces peintures sont beaucoup plus anciennes. »

Elle espérait que sa question passerait pour de la curiosité, et que l’américaine ne se rendrait pas compte qu’elle en savait plus que ce qu’elle prétendait. Elle lui ferait peut-être confiance, mais pour le moment elle ne voulait pas prendre ce risque.




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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


Aléa sentit la journaliste se raidir à sa dernière question. Intérieurement, la jeune femme se fustigea d’avoir peut-être était trop brusque. En tout cas trop impatiente! Lorsque Julie la congédia gentiment vers la machine à café, l’antrophologue saisit l’occasion pour lui laisser le temps de se décider mais également pour faire le point sur sa propre situation.

- Très bien, je vous laisse tout. Je reviens dans cinq minutes.

Alors qu’elle s’éloignait, Aléa ne put s’empêcher de jeter un coup d’oeil par dessus son épaule en direction de la journaliste. Pendant ces trois dernières années, elle avait parcouru une bonne partie du globe. Elle avait rencontré des personnes si différentes les unes des autres, et si semblables parfois, qu’elle parvenait aujourd’hui assez facilement à ressentir quand quelque chose n’allait pas. Tous le monde ment, c’était un fait. Parfois avec plus ou moins de conviction, parfois sans s’en rendre compte, mais nous avions tous quelque chose à cacher à quelqu’un. Cependant plus les blessures étaient intimes et plus la douleur était profonde. Et rare étaient ceux en mesure de les partager, surtout avec une inconnue…
Laissant Julie faire face à ses propres questions, Aléa se mit en recherche de la machine à café. Alors que son gobelet était en train de se remplir, la jeune femme se mit à réfléchir sur la manière de procéder. Si elle persistait à être aussi direct, elle risquait de braquer la journaliste et de revenir au point de départ. Si elle laissait couler, elle repartirait sans rien du tout. Son empathie naturelle et son sens du contact humain étaient toujours parvenus à briser les murs, même lorsque la barrière de la langue se dressait devant elle. Mais faire raconter son histoire familiale à un innuit ne relevait pas du même niveau que de découvrir les raisons de mystérieuses disparitions. Avait-elle peur de se mettre elle même en danger? Ou bien pensait-elle qu’Aléa était liée à leurs disparitions? Saisissant son gobelet, le jeune femme se mordit les lèvres en reprenant la direction de leur table de travail. Quoiqu’il en soit, elle n’avait pas le droit de tout gâcher. Julie beauchamps était la seule piste qu’elle avait pu trouver, elle ne pouvait pas se permettre de la perdre!
Retournant à sa place, elle observa la journaliste en pleine reflexion sur la photographie qu’elle avait faite il y a quelques mois. Aux questions de la jeune femme, Aléa se dit qu’elle avait peut-être encore une chance. Le terrain neutre de ses recherches prouverait sans doute sa bonne fois aux yeux de la française.

- C’est une peinture que j’ai photographié il y a quelques mois. Elle provient d’une petite excavation rocheuse, située dans le territoire de Dadra Nagar Haveli, à l’Ouest de l’Inde. Je menais des recherches pour le National Geographic sur la tribu Warli , un des peuples Adivasis. Ce qui signifie “peuple premier”. La peinture est un moyen de communication courant pour cette tribu, c’en est même devenu un art reconnu pour quelques privilégiés. En ce qui concerne celle-ci, je suis embêtée. Elle ne ressemble à aucune autre que j’ai pu voir. Souvent, elle sont confectionnées à l’occasion d’un rituel ou d’une cérémonie. Elles représentent une émotion à un instant préçis, mais n’a pas vocation à durer dans le temps. Ici, si tous les villageois connaissent son existence, aucun n’était en mesure de s’en rappeler l’origine. Il faudrait faire venir des experts pour être en mesure de lui donner une datation exacte.

Aléa s’arrêta un instant pour reprendre son souffle avant de lancer un regard désolé et un sourire en coins à la journaliste.

- Excusez moi… J’ai tendance à me laisser emporter quand je parle de mon travail!

Après s’être laissé quelques instants, la jeune femme repris ses explications.

- Après avoir étudié et comparé cette oeuvre à d’autres répertoriées je suis sûre de deux choses. Les personnes représentées sont toutes originaires de pays différents, pourtant les Warli sont un peuple premier. Ce qui veut dire qu’en dehors de leur propre tribu, il n’ont jamais était amené à rencontrer de personnes d’éthnies différentes. Hors nous avons ici, ici, ici et ici des personnes manifestement d’origines asiatiques, africaines, européenne et probablement du moyen orient. Tout en parlant, Aléa montra du doigt les diférentes représentations de sa photographie. Deuxièmement, le cercle, aurait tendance à symboliser la danse et les festivités. Cependant aucun des personnes n’est en contact physique avec les autres, ce qui voudrait plutôt signifier un échange plus spirituel. Le soleil et les les représentations arborés célèbrent la nature et racontent le mythes de la création selon leur culture. Pour moi, le lien entre ces personnes est d’ordre psychique, transcendant. Comme si les forces invisibles de la nature était parvenus à réunir des gens qui n’aurait jamais pu se rencontrer en temps normal…  

Aléa fronça les sourcils. Cette explications lui convenait parce qu’elle entrait en corélation avec les recherches d’Hayden sur la thèse de l’étudiant français. Pour autant elle ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi le jeune homme s’était mis tout d’un coup à s’intéresser à des sujets aussi métaphysique!

- Depuis que je suis partie, Hayden a toujours suivi de loin mes recherches et mes voyages. Il semblerait qu’il se soit procuré ce documents par le biais de mon traducteur en Inde. Mais j’ignore pourquoi il avait décidé de mener ce typer de recherche. Pourtant j’en suis certaine… Tout est là, invisible… mais bien là!

Les épaules de l’anthropologue s’afféssèrent légèrement. Si Julie ne l’aidait pas un peu, elle allait perdre la dernière trace encore fraiche d’Hayden. L’idée de le laisser disparaître comme ça lui serra le coeur, elle ne pouvait pas s’y résoudre.

- Je comprends vos réticences. Nous ne nous connaissons pas, et vous ignorez tout de moi et d’Hayden. Mais mon seul objectif aujourd’hui est de le retrouver. Peut-importe ce que ça me coutera, l’endroit où je devrais me rendre et les risques que je prendrai. Je ne l’abandonnerai pas. Jamais…

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Re: Thèse, Antithèse, Synthèse... ft Julie


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Une fois l’américaine partie à la machine à café, Julie sent ses muscles se détendre. Elle n’avait même pas remarqué qu’elle était aussi tendue, ce n’est qu’une fois cette tension disparue qu’elle perçoit son existence. Julie prend quelques minutes pour se concentrer sur sa respiration. La tête dans les mains, les yeux fermés, elle essaye de calmer les inquiétudes qui se bousculent dans sa tête. Avec un soupir, elle rouvre les yeux. Elle est décidée à faire abstraction de sa méfiance envers Aléa au moins le temps d’étudier ces documents. Rien ne l’interpelle particulièrement. Elle ne comprend pas vraiment le lien entre les différents documents. Enfin si, une chose. Homo sensorium. Cette thèse bien sûr, qui est liée à l’espèce à laquelle appartenaient Francis et Annika, raison pour laquelle elle a ouvert la conversation avec Hayden. Et cette peinture… Julie se demande si il est possible qu’elle représente des sensates. La coïncidence est trop grosse pour être le fruit du hasard. Hayden enquêtait sûrement sur les sensates. Mais pourquoi ? Et Aléa en sait-elle plus que ce qu’elle prétend ?

Alors que l’intéressée revient à la table, Julie la regarde, songeuse, puis lui tend la photographie des peintures, lui demandant ce qu’elle sait dessus. Elle-même a compris le lien entre la thèse et cette photo. Mais elle cherche à savoir si elle peut en parler à Aléa sans risque. Sa réponse semble sincère. Elle est détaillée, on sent la passion dans sa voix lorsqu’elle parle de son travail et de cette peinture, le vécu. Julie en est persuadée, elle dit la vérité. Alors qu’Aléa s’excuse de ses digressions, Julie l’invite à poursuivre.

« Non ne vous excusez pas. Et continuez, je vous en prie. Si je pose la question, c’est pour avoir des réponses. »

Tandis que la jeune femme livre ses réflexions, Julie sent que sa méfiance envers elle disparaît. Elle est si proche de la vérité, avec ses théories. Cette peinture décrit un cercle de sensates. Et Aléa l’a presque compris elle-même. Julie est assez impressionnée, car elle-même n’aurait sans doute pas été capable d’arriver à ces conclusions à partir des maigres indices que constituaient ce dossier. Alors que le rythme des paroles d’Aléa diminue, Julie se rend compte qu’elle a pris une décision, celle de lui faire confiance, et de l’aider en lui donnant la clé qui lui manque pour comprendre. Il faut maintenant réfléchir à comment le lui expliquer. Julie n’a encore jamais eu l’occasion d’apprendre à qui que ce soit l’existence des sensates. Elle-même avait été bouleversée quand elle l’avait appris par Francis. Et c’est son amour pour lui qui avait fait qu’elle n’avait pas paniqué, elle en était sure. Comment réagirait Aléa ?

Jetant un œil autour d’elles, Julie commença à remettre les documents dans la pochette, tout en expliquant à Aléa.

« Je vais vous aider, Aléa. A comprendre tout cela en tous cas. Pour Hayden… Ca je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas ce qui lui est arrivé, ni ce qui est arrivé à Francis. Vous n’êtes pas loin de la vérité pour cette peinture, j’en suis quasiment certaine. Mais je préfère ne pas en parler ici. Si cela ne vous dérange pas je vous propose de m’accompagner chez moi. On pourra discuter sans oreilles indiscrètes. »

Le trajet jusque chez Julie se fait dans le silence. Julie ne sait pas quoi dire, avec cet éléphant dans la pièce qu’est sa promesse de lui dévoiler la vérité. Elle ne se voit pas lui commenter le nom des stations de métro façon visite guidée touristique. Et puis elle doit réfléchir à ce qu’elle va lui dire, comment le formuler. Une fois la porte franchie, Julie soupire face à l’état de l’appartement. Elle n’a pas le cœur aux tâches ménagères depuis la disparition de Francis. Vaisselle et vêtements s’accumulent respectivement dans l’évier et sur le sol. Elle invite Aléa à s’installer sur une chaise pendant qu’elle débarrasse un peu la table et s’installe à son tour. Le silence est pesant, mais il va falloir le briser. Elle prend une inspiration et regarde l’américaine dans les yeux.

« Votre intuition est juste, pour la peinture. Je sais quelque chose qui explique l’existence de cette peinture. Je vous préviens ça va probablement vous faire un choc. Mais laissez-moi finir avant de m’interrompre. Et ce que je vais vous révéler doit rester entre nous. »

Elle attend confirmation qu’Aléa a bien compris, puis elle reprend la parole.

« Certaines personnes, qui ne sont pas censées se rencontrer, sont liées. Psychique, spirituel, je crois que ce sont les mots que vous avez employé tout à l’heure. On pourrait parler de ça oui. Il existe une autre espèce humaine, très proche des homo sapiens. Les scientifiques qui connaissent son existence l’appellent homo sensorium. Au quotidien, on emploie généralement le terme sensate. L’existence des sensates est un secret, car l’être humain n’est pas réputé pour être très tolérant envers les personnes différentes. Les membres de cette espèce peuvent… communiquer à distance… en quelque sorte. Ils peuvent se voir et se parler, tout en étant à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Ils peuvent même ressentir ce que ressentent les autres. En tous cas ceux qui appartiennent à leur cercle proche. Je pense que cette peinture représente un cercle de sensates. Qu’un membre de cette tribu était un sensate, et que les autres personnes sur cette peinture étaient les membres de son cercle. »

Julie se tait, cherchant à jauger la réaction d’Aléa, lui laissant le temps de digérer tout ça.

« Je sais tout cela car Francis est un sensate. J’ai peur que sa disparition ne soit pas un hasard, et qu’il ait eu des ennuis à cause de ça. Et celle d’Hayden est peut-être liée aussi, puisque visiblement il s’intéressait de près au sujet. »

Julie n’ose pas encore formuler à voix haute son idée. Hayden est peut-être un sensate lui aussi. Mais Aléa est-elle prête à entendre cela ? Va-t-elle le laisser à son sort en apprenant qu’il lui a caché quelque chose d’aussi important ?




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